Un billet de Gilles est venu me chercher très loin. J'ai souvent ce sentiment, profond, de faire aux yeux de certains "beaucoup trop de bruit pour rien"...
Tout ça me remémore un souvenir bien présent d'un de mes cours lors de mon bac en enseignement des sciences. À un moment donné, la question "Pourquoi voulez-vous enseigner ?" a été mise sur le tapis et on s'est mis à en discuter un peu. Quelques réponses ont surgi de la salle (on était une trentaine) , comme "j'aime bien les ados" ,... je trouvais toutes ces raisons bien "tièdes", j'ai donc pris la parole:
- Alors, Benoit, pourquoi tu te diriges dans l'enseignement ?
- Pour changer le monde.
60 yeux incrédules (30 paires) se sont tournés vers moi.
- Ben quoi ? Vous êtes pas là pour ça vous autres
Eh non, tout le monde n'a pas l'air d'être là pour ça.
Mais moi, si ! Pas changer pour changer, mais plutôt en apportant des briques, des éléments pour faire un monde meilleur.
J'aime bien la citation que j'ai vue (tiré d'un roman de Gil Courtemanche) dans le commentaire de Michel Clément sur le billet de François Guité: "Même si mon geste ne devrait presque rien changer, il en va de la dignité humaine de le poser". C'est exactement mon état d'esprit. Et je pense que l'effet de contamination du 0,01% qui est affecté par de telles discussions et propos est suffisamment important pour que le milieu de l'éducation avance, chemine. Le cheminement n'est pas qu'extérieur à moi, j'en fais aussi partie. Parfois à petit pas (les petits pas de danse parfois,un en avant, deux en arrière), parfois plus.
Ce n'est sûrement pas la première ni la dernière fois que je vais m'exprimer sur ça. Ça touche la question de notre rôle professionnel, bien sûr. Mais cette question est plus profonde, c'en est une philosophique, métaphysique à la limite. Celle de notre rôle, notre toute petite place, sur cette Terre, dans cet Univers immense. Quand est-ce qu'on lâche "l'hommerie" pour faire avancer l'humanité ?