Excellent billet de Marie-Élaine sur le conflit cognitif !
(pour la petite histoire, j'ai commencé à écrire un commentaire, mais comme j'en avais long à dire, j'ai choisi d'en faire un billet dans mon carnet.)
Je me mets moi-même constamment dans ce genre de conflit cognitif. Ce n'est pas reposant pour personne, mais je crois que c'est essentiel pour éduquer des humains équilibrés.
En pratique, dans le travail que je fais actuellement (j'écris du matériel didactique), je requestionne constamment la conception initiale que j'ai d'un concept. Ce n'est pas facile pour mon entourage, mais je crois que c'est nécessaire. Plusieurs concepts sont enseignés depuis des années sans que jamais on soit retournés "à la source" du concept.
Je m'explique: qu'est-ce qui est vraiment essentiel par exemple dans le concept de masse volumique ? En fait, pourquoi enseigne-t-on le concept de masse volumique ? Et surtout, pourquoi personne ne réussit dans la société normale à intégrer ce concept ?
Pour arriver à répondre à ces questions, il faut revenir à la source, et se demander ce qu'on comprend nous-même du concept de photosynthèse par exemple. Trop souvent, sur ces concepts dits "scientifiques", on ne retient que le calcul mathématique, l'équation ou la "formule".
Je récupère l'idée de ma collègue Mélanie, mais posez la question autour de vous (ou posez-vous vous même la question). D'où vient la "chair" d'une plante ? Pour faire une analogie, pensez aux animaux qui se nourrissent. Toute notre "chair" vient des aliments que nous avons consommé. Mais une plante elle ? D'où viennent les feuilles ?
Si vous répondez "de la terre" ou "de l'eau", réfléchissez à deux fois. Comment une plante en pot pourrait-elle devenir si grande avec si peu d'eau ? Et comment se fait-il si les feuilles viennent de la terre qu'il reste toujours autant de terre dans votre pot ?
Posez ces questions à des gens qui n'ont pas de formation en sciences... Vous verrez qu'on n'est pas très habitués à jouer avec des conflits cognitifs de ce type. D'où le malaise de Marie-Élaine. D'ailleurs, je pense que Gilles nous en a montré un autre très bel exemple ici.
Je pense qu'il est essentiel que l'on habitue les élèves à vivre des confilts cognitifs de ce type, et à se sentir à l'aise dans ces situations. Il n'existe pas de réponses toute faites à tous les problèmes. À voir le nombre de changements (technologiques par exemple) auxquels j'ai moi-même été confronté durant mes quelques années d'existence, c'est impensable d'éduquer des enfants en ne leur inculquant que des certitudes.
"Une chose est certaine, c'est qu'on ne peut être certain de rien". :-)