Certains des syndicats enseignants sortent leurs dernières munitions pour tenter de faire dérailler "la réforme" au secondaire...

La section de l'article "Enseigner clandestinement!" m'a particulièrement fait sourciller, avec entre autres...

"Constatant le manque de connaissances de sa classe, Mme Racine triche en donnant des dictées et des leçons à mémoriser, même si ce n'est pas prescrit par la réforme."

et aussi le presque aussi édifiant

"Et à peine 25 % des établissements utilisent encore le bulletin préconisé par la réforme."''

?!?!?

D'où est-ce que ces affirmations sortent ? Lors de discussions avec des collègues, j'ai toujours exigé de voir les documents lorsque de telles affirmations étaient posées. On m'a souvent dévisagé pour être aussi "Thomas" comme on dit au Québec, mais la lecture des documents officiels m'a la plupart du temps donné raison.

Rien dans le nouveau programme ne prescrit l'interdiction des dictées. Ce n'est pas de la triche d'en donner. On peut bien sûr questionner l'efficacité d'une dictée, j'en conviens. Sauf que c'est à l'enseignant d'utiliser les moyens pédagogiques qu'il juge approprié. Et l'enseignement des connaissances n'est pas balayé du revers de la main nécessairement. La mémorisation non plus. Il est cependant légitime de demander à quoi cela sert-il, et dans quel contexte il faut l'évaluer. Un élève incapable d'écrire un texte pouvant être lu à cause d'un nombre impensable de fautes d'orthographe est-il compétent à écrire des textes variés ? Si son destinataire est incapable de lire le texte, l'élève n'a pas développé sa compétence à un niveau nécessaire, c'est clair. Faut-il d'abord leur faire mémoriser les règles, ensuite les faire écrire ? Le programme ne prescrit rien de tout cela ! La prescription est de développer la compétence à écrire des textes variés (je m'en tiens toujours à cette compétence de français comme exemple), avec un certain nombre de critères d'évaluation. Si l'élève arrive à communiquer adéquatement, la "méthode" utilisée a plus ou moins d'importance pour arriver à la fin. Bien sûr, j'ai ma méthode préférée, mais chaque enseignant a la sienne.

Il n'y a pas non plus de "bulletin préconisé par la réforme". Chacune des écoles peut utiliser le bulletin qui lui convient, en autant qu'il respecte les grands principes édictés par le ministère. Et je vous jure, il y a une certaine latitude dans le domaine. Bien sûr, certaines commissions scolaires (beaucoup en fait) ont uniformisé le bulletin à utiliser dans toutes les écoles, mais il s'agit d'un choix de direction d'école, non une imposition du ministère.

Bref, on pourrait modifier le dicton et dire qu'il faut lire les documents 7 fois avant de parler. Et de mettre tout sur le dos de "la réforme" n'aide pas à éclaircir la confusion des genres.

Mise à jour: on trouve aussi un article dans le Devoir qui traite du même sujet. Avec une autre affirmation de ce genre:

"«La prémisse de base de la réforme est fausse. Après l'avoir expérimentée au primaire, on peut constater que c'est un échec. Les enfants ont besoin de plus d'encadrement, ils ont besoin d'être dirigés», fait valoir Yves Parenteau de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal."

Bien sûr, c'est écrit où ça déjà que la "réforme" exige (prescrit même) de ne pas encadrer ni diriger les élèves ?